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Esther
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▲1.1 Voici ce qui s’est passé à
l’époque d’Assuérus (c’est-à-dire l’Assuérus qui régnait sur 127
provinces, de l’Inde jusqu’à l’Éthiopie).
1.2 En ce
temps-là, le roi Assuérus régnait à Suse la citadelle.
1.3 Dans la
troisième année de son règne, il offrit un banquet à tous ses princes
et ses fonctionnaires. Les officiers de l’armée de Perse et de Médie,
les nobles et les princes des provinces vinrent au banquet.
1.4 Et,
pendant de nombreux jours, 180 jours, il leur montra la richesse de son
glorieux royaume, ainsi que la grandeur et la splendeur de sa puissance.
1.5 Après
cette période, le roi offrit un banquet de sept jours à toutes les
personnes présentes à Suse la citadelle, de la plus importante à la
plus modeste, dans la cour du jardin du palais royal.
1.6 La cour
était décorée de tentures en lin, en coton fin et en étoffe bleue,
retenues par des cordes de tissu de qualité et par de la laine pourpre
attachée à des anneaux d’argent. Il y avait des colonnes de marbre,
ainsi que des divans en or et en argent sur un dallage de porphyre, de
marbre blanc, de nacre et de marbre noir.
1.7 Le vin
était servi dans des coupes en or, toutes différentes les unes des
autres. Et le vin du roi était servi en abondance, autant que le
permettait la richesse du roi.
1.8 Pour le
service des boissons, la règle était qu’on ne forçait personne, car le
roi avait ordonné à tous les officiers de son palais de laisser chacun
boire comme il voulait.
1.9 De son
côté, la reine Vasti offrit un banquet aux femmes dans le palais du roi
Assuérus.
1.10 Le
septième jour, alors que le roi était d’humeur joyeuse sous l’effet du
vin, il demanda à Mehoumân, Bizta, Harbona, Bigta, Abagta, Zétar et
Karkas (les sept fonctionnaires de cour attachés au service personnel
du roi Assuérus)
1.11 de
faire venir devant lui la reine Vasti, portant le turban royal, pour
montrer sa beauté au peuple et aux princes, car elle était extrêmement
belle.
1.12 Mais
la reine Vasti refusa obstinément d’obéir à l’ordre du roi que les
fonctionnaires de la cour lui avaient transmis. Alors le roi se mit
très en colère et sa fureur s’enflamma.
1.13 Le roi
parla alors aux sages qui connaissaient les précédents juridiques. (En
effet, c’est ainsi que les affaires du roi étaient soumises à tous ceux
qui connaissaient bien la loi et la jurisprudence ;
1.14 ses
plus proches conseillers étaient Karshena, Shétar, Admata, Tarsis,
Mérès, Marsena et Memoukân, sept princes de Perse et de Médie, qui
avaient accès auprès du roi et qui occupaient les positions les plus
importantes dans le royaume.)
1.15 Le roi
leur demanda : « Selon la loi, que doit-on faire à la reine Vasti ? Car
elle n’a pas obéi à l’ordre du roi Assuérus que les fonctionnaires de
la cour lui ont transmis ! »
1.16 Alors
Memoukân répondit en présence du roi et des princes : « Ce n’est pas
seulement au roi que la reine Vasti a fait du tort, mais c’est à tous
les princes et à tous les peuples qui sont dans toutes les provinces du
roi Assuérus.
1.17 Car
toutes les femmes apprendront ce que la reine a fait. Alors elles
mépriseront leurs maris et elles diront : “Le roi Assuérus avait
ordonné à la reine Vasti de venir devant lui, mais elle a refusé !”
1.18 Et ce
jour-là, les princesses de Perse et de Médie, qui sauront ce que la
reine a fait, en parleront à tous les princes du roi, ce qui provoquera
beaucoup de mépris et d’indignation.
1.19 Si
cela paraît bon au roi, qu’il prononce un décret et qu’on l’écrive
parmi les lois de Perse et de Médie, qui ne peuvent pas être annulées.
Ce décret interdira à Vasti de se présenter devant le roi Assuérus. Et
que le roi choisisse pour reine une autre femme, meilleure qu’elle.
1.20 Quand
le décret du roi sera connu dans tout son immense royaume, toutes les
femmes rendront honneur à leurs maris, du plus important au plus
modeste. »
1.21 Cette
proposition plut au roi et aux princes. Le roi suivit donc le conseil
de Memoukân.
1.22 Il
envoya des lettres dans toutes les provinces de son royaume, rédigées
dans l’écriture de chaque province et dans la langue de chaque peuple.
Ces lettres disaient que le mari devait être maître dans sa maison et
qu’il devait parler la langue de son propre peuple.
▲2.1 Après ces choses, quand la
fureur du roi Assuérus se fut apaisée, il repensa à ce que Vasti avait
fait et à la sanction qui avait été décidée à son sujet.
2.2 Alors
les fonctionnaires attachés au service personnel du roi lui dirent : «
Il faudrait que l’on cherche pour le roi des jeunes filles, belles et
vierges.
2.3 Que le
roi désigne donc dans toutes les provinces de son royaume des agents
chargés de réunir toutes les jeunes filles belles et vierges à Suse la
citadelle, dans la maison des femmes. Qu’elles soient confiées à Hégaï,
l’eunuque du roi, le gardien des femmes, et qu’on leur donne des soins
de beauté.
2.4 La
jeune fille qui plaira le plus au roi sera reine à la place de Vasti. »
La suggestion parut bonne au roi, et il fit donc ainsi.
2.5 Or, à
Suse la citadelle se trouvait un certain Juif qui s’appelait Mardochée.
C’était le fils de Jaïr, lui-même fils de Shiméï, fils de Kish, un
Benjaminite.
2.6 Il
faisait partie des exilés originaires de Jérusalem qui avaient été
déportés en même temps que le roi Jéchonias de Juda, que le roi
Nabuchodonosor de Babylone avait emmené en exil.
2.7 C’était
le tuteur de Hadassa, c’est-à-dire Esther, sa cousine, car elle n’avait
plus son père ni sa mère. La jeune fille avait une silhouette
magnifique et une beauté séduisante. À la mort de ses parents,
Mardochée l’avait adoptée.
2.8 La
déclaration du roi et sa loi furent proclamées, et de nombreuses jeunes
filles furent réunies à Suse la citadelle et confiées à Hégaï. Esther,
elle aussi, fut emmenée au palais du roi et confiée à Hégaï, le gardien
des femmes.
2.9 Or
Hégaï apprécia la jeune fille ; elle gagna son estime. Il veilla donc
sans tarder à ce qu’elle reçoive des soins de beauté et une
alimentation spéciale. Il mit aussi à son service sept jeunes servantes
choisies parmi celles qui travaillaient dans le palais du roi. De plus,
il l’installa, elle et ses jeunes servantes, dans le meilleur endroit
de la maison des femmes.
2.10 Esther
ne révéla pas de quel peuple ni de quelle famille elle était, car
Mardochée lui avait recommandé de n’en parler à personne.
2.11 Chaque
jour, Mardochée se promenait devant la cour de la maison des femmes
pour savoir si Esther allait bien et ce qu’elle devenait.
2.12 À tour
de rôle, les jeunes filles devaient se présenter devant le roi
Assuérus, au bout de la période de 12 mois de soins qui avait été
prescrite pour les femmes. C’est ainsi que devaient se dérouler les
soins de beauté : six mois avec de l’huile de myrrhe, et six mois avec
de l’huile de baumier et diverses crèmes de beauté.
2.13 Ce
n’est qu’après cette période que les jeunes filles étaient prêtes pour
entrer chez le roi. Quand une jeune fille quittait la maison des femmes
pour se rendre au palais du roi, on lui accordait tout ce qu’elle
demandait.
2.14 Le
soir, elle entrait, et le matin, elle retournait dans la seconde maison
des femmes, dont s’occupait Shaashgaz, l’eunuque du roi, le gardien des
concubines. Elle ne pouvait plus retourner chez le roi, sauf si elle
lui avait particulièrement plu et s’il l’avait convoquée par son nom.
2.15 Un
jour, ce fut au tour d’Esther, la fille d’Abihaïl l’oncle de Mardochée,
que Mardochée avait adoptée, d’entrer chez le roi. Elle ne demanda rien
d’autre que ce que lui avait recommandé Hégaï, l’eunuque du roi et
gardien des femmes. (Pendant tout ce temps, Esther avait gagné l’estime
de tous ceux qui la voyaient.)
2.16 Esther
fut emmenée chez le roi Assuérus dans son palais royal le dixième mois,
c’est-à-dire le mois de tébeth, dans la septième année de son règne.
2.17 Le roi
aima Esther plus que toutes les autres femmes. Elle gagna son estime et
son affection plus que toutes les autres vierges. Il mit donc le turban
royal sur sa tête et la fit reine à la place de Vasti.
2.18 Alors
le roi offrit un grand banquet à tous ses princes et ses fonctionnaires
: le banquet d’Esther. Puis il proclama une amnistie pour les
provinces, et il distribua des cadeaux autant que le permettait la
richesse du roi.
2.19 Or,
lorsque les vierges furent réunies une deuxième fois, Mardochée était
assis à la porte du palais du roi.
2.20 Esther
ne révélait à personne de quelle famille ni de quel peuple elle était,
comme Mardochée le lui avait ordonné. Elle continuait de faire ce que
Mardochée lui disait, comme à l’époque où elle était sous sa tutelle.
2.21 En ce
temps-là, alors que Mardochée était assis à la porte du palais du roi,
Bigtân et Térèsh, deux fonctionnaires de la cour du roi (des portiers),
devinrent mécontents et complotèrent d’assassiner le roi Assuérus.
2.22 Mais
Mardochée apprit l’affaire, et il en informa aussitôt la reine Esther.
Esther en parla au roi au nom de Mardochée.
2.23 On
mena donc une enquête, qui confirma les faits, et les deux hommes
furent pendus à un poteau. Tous ces évènements furent notés dans le
livre des Annales en présence du roi.
▲3.1 Après cela, le roi Assuérus
accorda à Aman fils de Hamedata l’Agaguite une grande autorité. Il lui
donna une position plus élevée que celle de tous les autres princes qui
étaient avec lui.
3.2 Tous
les fonctionnaires du roi qui étaient à la porte du palais royal
s’inclinaient et se prosternaient devant Aman, car c’est ce que le roi
avait ordonné à son sujet. Mais Mardochée, lui, refusait de s’incliner
ou de se prosterner.
3.3 Alors
les fonctionnaires du roi qui étaient à la porte du palais royal
demandèrent à Mardochée : « Pourquoi ne respectes-tu pas le
commandement du roi ? »
3.4 Jour
après jour ils lui posaient la même question, mais il ne les écoutait
pas. Comme Mardochée leur avait révélé qu’il était Juif, ils en
informèrent Aman pour voir s’il tolérerait son comportement.
3.5 Quand
Aman s’aperçut que Mardochée refusait de s’incliner ou de se prosterner
devant lui, la fureur l’envahit.
3.6 Il
voulut donc tuer Mardochée. Mais tuer seulement Mardochée ne lui sembla
pas suffisant. En effet, on lui avait révélé à quel peuple Mardochée
appartenait. À partir de ce moment-là, Aman chercha à exterminer tout
le peuple de Mardochée, c’est-à-dire tous les Juifs qui vivaient dans
le royaume d’Assuérus.
3.7 Dans la
12e année du règne d’Assuérus, le 1er mois, c’est-à-dire le mois de
nisan, on jeta le pour (c’est-à-dire le sort) devant Aman pour
déterminer le jour et le mois les plus propices. Le sort désigna le 12e
mois, c’est-à-dire le mois d’adar.
3.8 Aman
dit alors au roi Assuérus : « Il y a un certain peuple dispersé et
disséminé parmi les peuples dans toutes les provinces de ton royaume.
Leurs lois sont différentes de celles de tous les autres peuples, et
ils n’obéissent pas aux lois du roi. Ce n’est donc pas dans l’intérêt
du roi de les laisser tranquilles.
3.9 Si cela
paraît bon au roi, qu’on publie un décret ordonnant leur extermination.
Je donnerai 10 000 talents d’argent aux fonctionnaires pour qu’ils les
versent à la trésorerie du roi. »
3.10 Alors
le roi ôta la bague à cacheter de sa main et la donna à Aman fils de
Hamedata l’Agaguite, qui était l’ennemi des Juifs.
3.11 Puis
le roi dit à Aman : « L’argent et le peuple te sont donnés. Fais-en ce
que tu veux. »
3.12 Alors,
les secrétaires du roi furent convoqués le 13e jour du 1er mois. Ils
mirent par écrit, dans l’écriture de chaque province et dans la langue
de chaque peuple, tous les ordres qu’Aman adressait aux satrapes du
roi, aux gouverneurs qui étaient en fonction dans les provinces et aux
princes des différents peuples. Le décret fut écrit au nom du roi
Assuérus et scellé avec la bague du roi.
3.13 On
envoya alors les lettres par l’intermédiaire de coursiers à toutes les
provinces du roi. Elles donnaient l’ordre de tuer, détruire et
exterminer tous les Juifs, jeunes et vieux, femmes et enfants, en un
seul jour, le 13e jour du 12e mois, c’est-à-dire le mois d’adar, et
aussi de se saisir de leurs biens.
3.14 Un
exemplaire de ce document devait être publié dans chaque province pour
servir de loi, et son contenu devait être proclamé à tous les peuples,
afin qu’ils se préparent pour ce jour-là.
3.15 Les
coursiers partirent rapidement sur l’ordre du roi, et la loi fut
publiée dans Suse la citadelle. Le roi et Aman s’assirent alors pour
boire, mais les habitants de Suse, eux, étaient sous le choc.
▲4.1 Quand Mardochée apprit tout
ce qui était arrivé, il déchira ses vêtements, s’habilla avec de la
toile de sac et se jeta de la cendre sur la tête. Puis il se rendit au
milieu de la ville, poussant de grands cris amers.
4.2 Il
s’arrêta devant la porte du palais royal, car personne ne pouvait y
entrer habillé avec de la toile de sac.
4.3 Or,
dans toutes les provinces où étaient parvenus la déclaration du roi et
son décret, les Juifs menaient grand deuil : ils jeûnaient, pleuraient
et se lamentaient. Beaucoup étaient étendus sur de la toile de sac et
de la cendre.
4.4 Quand
les servantes de la reine Esther et ses eunuques vinrent l’avertir,
elle fut bouleversée. Elle envoya des vêtements à Mardochée pour qu’il
les porte à la place de sa toile de sac, mais il n’en voulut pas.
4.5 Alors
Esther convoqua Hatak, un des eunuques du roi, que le roi avait mis au
service d’Esther, et elle lui ordonna d’aller demander à Mardochée
pourquoi il était dans cet état.
4.6 Hatak
sortit donc voir Mardochée sur la place de la ville qui était devant la
porte du palais royal.
4.7
Mardochée lui raconta tout ce qui lui était arrivé et lui indiqua la
somme exacte qu’Aman avait promis de verser à la trésorerie du roi pour
que les Juifs soient exterminés.
4.8 Il lui
donna aussi une copie du décret qui avait été publié dans Suse en vue
de leur extermination. Hatak devait la montrer à Esther, lui expliquer
la situation, et lui ordonner de se présenter devant le roi pour
implorer sa pitié et pour plaider la cause de son peuple directement
auprès de lui.
4.9 Hatak
revint et rapporta à Esther ce que Mardochée avait dit.
4.10 Esther
chargea alors Hatak de transmettre à Mardochée cette réponse :
4.11 « Tous
les fonctionnaires du roi et les habitants des provinces du roi savent
que, si un homme ou une femme se rend dans la cour intérieure du palais
sans avoir été convoqué, une seule loi s’applique : il doit être mis à
mort. Il ne peut rester en vie que si le roi lui tend le sceptre d’or.
Et cela fait 30 jours que je n’ai pas été appelée à me présenter devant
le roi. »
4.12 Quand
Mardochée entendit la réponse d’Esther,
4.13 il lui
fit dire : « Ne t’imagine pas que, parce que tu appartiens à la famille
royale, tu risques moins que les autres Juifs de te faire tuer.
4.14 Car si
tu gardes le silence maintenant, c’est par un autre moyen que les Juifs
recevront de l’aide et seront sauvés, mais toi et la famille de ton
père, vous mourrez. Et qui sait si ce n’est pas en vue d’une situation
comme celle-ci que tu es devenue reine ? »
4.15 Alors
Esther répondit à Mardochée :
4.16 « Va,
rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et jeûnez pour moi. Ne
mangez pas et ne buvez pas pendant trois jours et trois nuits. Moi et
mes servantes, nous jeûnerons aussi. Je me présenterai devant le roi,
même si c’est contraire à la loi. Et si je dois mourir, alors je
mourrai. »
4.17
Mardochée partit donc et fit tout ce qu’Esther lui avait demandé.
▲5.1 Le troisième jour, Esther
mit ses habits royaux et se plaça dans la cour intérieure du palais du
roi, en face des appartements du roi. Le roi siégeait dans la salle du
trône, en face de l’entrée.
5.2 Quand
le roi aperçut la reine Esther qui se tenait dans la cour, il fut pris
d’un sentiment bienveillant pour elle. Alors il tendit à Esther le
sceptre d’or qu’il avait dans la main. Esther s’approcha et toucha
l’extrémité du sceptre.
5.3 Le roi
lui demanda : « Qu’as-tu, reine Esther ? As-tu une requête à me faire ?
Je t’accorderai jusqu’à la moitié de mon royaume ! »
5.4 Esther
lui répondit : « Si cela paraît bon au roi, que le roi vienne
aujourd’hui, avec Aman, au banquet que je lui ai préparé. »
5.5 Alors
le roi ordonna à ses hommes : « Dites à Aman de venir rapidement, comme
l’a demandé Esther. » Le roi et Aman se rendirent donc au banquet
qu’Esther avait préparé.
5.6 Au
moment où l’on buvait le vin, le roi dit à Esther : « As-tu une requête
à me faire ? Je te l’accorderai. Ou as-tu quelque chose à me demander ?
Je te donnerai jusqu’à la moitié de mon royaume ! »
5.7 Esther
lui répondit : « Voici ma requête et ma demande :
5.8 Si j’ai
la faveur du roi, et si cela paraît bon au roi de m’accorder ma requête
et d’accéder à ma demande, que le roi et Aman viennent au banquet que
je leur offrirai demain, et demain je présenterai ma requête au roi. »
5.9 Ce
jour-là, Aman sortit joyeux et de bonne humeur. Mais quand il vit
Mardochée à la porte du palais royal, et constata qu’il ne se levait
pas et ne tremblait pas devant lui, Aman ressentit une grande fureur
contre Mardochée.
5.10
Cependant Aman se maîtrisa et rentra chez lui. Puis il fit venir ses
amis et Zérèsh, sa femme.
5.11 Aman
se vanta alors d’être extrêmement riche, d’avoir de nombreux fils, mais
aussi d’avoir reçu du roi une autorité importante, et d’avoir obtenu
une position plus élevée que les princes et les fonctionnaires du roi.
5.12 Aman
ajouta : « Et ce n’est pas tout : je suis le seul à avoir été invité
par la reine Esther avec le roi au banquet qu’elle avait préparé. Et
demain encore, je suis invité par elle en même temps que le roi.
5.13 Mais
comment me satisfaire de tout cela, quand je vois Mardochée le Juif
assis à la porte du palais royal ? »
5.14 Zérèsh
sa femme et tous ses amis lui répondirent : « Fais installer un poteau
haut de 50 coudées. Et demain matin, demande au roi qu’on y pende
Mardochée. Puis va profiter du banquet avec le roi. » La suggestion
parut bonne à Aman, alors il fit installer le poteau.
▲6.1 Cette nuit-là, le roi ne
trouva pas le sommeil. Alors il demanda qu’on lui apporte le livre des
Chroniques historiques, et on lui en fit la lecture.
6.2 Or,
dans ce livre était écrit ce que Mardochée avait rapporté concernant
Bigtana et Térèsh, les deux fonctionnaires de la cour du roi, les
portiers, qui avaient comploté d’assassiner le roi Assuérus.
6.3 Le roi
demanda alors : « Comment a-t-on honoré et récompensé Mardochée ? » Les
fonctionnaires attachés au service personnel du roi lui répondirent : «
Rien n’a été fait pour lui. »
6.4 Plus
tard, le roi demanda : « Qui donc est dans la cour ? » Or, Aman était
venu dans la cour extérieure du palais du roi pour demander au roi de
faire pendre Mardochée au poteau qu’il avait préparé pour lui.
6.5 Les
fonctionnaires du roi lui répondirent : « C’est Aman qui est dans la
cour. » Alors le roi ordonna : « Faites-le entrer. »
6.6 Quand
Aman entra, le roi lui demanda : « Que faut-il faire pour l’homme que
le roi souhaite honorer ? » Alors Aman se dit en lui-même : « Cet homme
que le roi souhaite honorer, ce ne peut être que moi ! »
6.7 Aman
répondit donc au roi : « Pour l’homme que le roi souhaite honorer,
6.8 qu’on
apporte un vêtement royal que le roi porte, ainsi qu’un cheval que le
roi monte, et que l’on mette sur la tête du cheval le turban royal.
6.9 Que
l’on confie le vêtement et le cheval à l’un des grands princes du roi.
On devra habiller l’homme que le roi souhaite honorer, le faire monter
sur le cheval et le faire circuler sur la place de la ville. Et on
devra crier devant lui : “Voilà ce que l’on fait pour l’homme que le
roi souhaite honorer !” »
6.10
Aussitôt le roi dit à Aman : « Vite ! Prends le vêtement et le cheval,
et fais ce que tu viens de suggérer pour Mardochée le Juif, qui est
assis à la porte du palais du roi. Fais ce que tu as dit dans les
moindres détails. »
6.11 Aman
prit donc le vêtement et le cheval, habilla Mardochée et le fit
circuler à cheval sur la place de la ville en criant devant lui : «
Voilà ce que l’on fait pour l’homme que le roi souhaite honorer ! »
6.12
Ensuite Mardochée retourna à la porte du palais du roi. Aman, quant à
lui, rentra chez lui en toute hâte, l’air abattu et la tête voilée.
6.13 Il
raconta en détail à Zérèsh, sa femme, et à tous ses amis ce qui lui
était arrivé. Alors ses conseillers et Zérèsh lui dirent : « Mardochée
est en train de prendre le dessus sur toi. S’il est d’origine juive, tu
ne l’emporteras pas sur lui. Tu finiras par tomber devant lui. »
6.14 Ils
parlaient encore avec lui quand les fonctionnaires de la cour du roi
arrivèrent pour le conduire rapidement au banquet qu’Esther avait
préparé.
▲7.1 Alors le roi et Aman se
rendirent au banquet de la reine Esther.
7.2 Le
deuxième jour, au moment où l’on buvait le vin, le roi demanda de
nouveau à Esther : « As-tu une requête à me faire, reine Esther ? As-tu
quelque chose à me demander ? Je te l’accorderai. Je te donnerai
jusqu’à la moitié de mon royaume ! »
7.3 La
reine Esther répondit : « Si j’ai ta faveur, ô roi, et si cela paraît
bon au roi, voici ma requête : que l’on m’accorde la vie sauve. Et
voici ma demande : que l’on épargne mon peuple.
7.4 Car,
moi et mon peuple, nous avons été vendus pour être tués, détruits, oui,
exterminés. Si encore nous avions simplement été vendus comme esclaves,
j’aurais gardé le silence. Mais il ne faut pas que ce malheur se
produise, car il causerait du tort au roi. »
7.5 Le roi
Assuérus demanda alors à la reine Esther : « Quel est l’homme qui a osé
faire une chose pareille ? Où est-il ? »
7.6 Esther
répondit : « L’adversaire et l’ennemi, c’est Aman, cet homme ignoble !
» Aman fut saisi de terreur à cause du roi et de la reine.
7.7 Le roi,
furieux, quitta le banquet pour aller dans le jardin du palais. Aman se
leva pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie, car il
comprenait que le roi était bien décidé à le punir.
7.8 Quand
le roi revint du jardin du palais et rentra dans la salle où avait lieu
le banquet, il vit qu’Aman s’était jeté sur le divan où Esther était
allongée. Alors il s’exclama : « Va-t-il aussi violer la reine dans ma
propre maison ? » Dès que le roi prononça ces mots, on couvrit le
visage d’Aman.
7.9
Harbona, l’un des fonctionnaires de la cour du roi, dit alors : « Aman
a aussi préparé un poteau haut de 50 coudées pour y pendre Mardochée,
l’homme qui a sauvé le roi grâce à son rapport. Ce poteau se dresse
près de la maison d’Aman. » Alors le roi dit : « C’est lui qu’on pendra
à ce poteau ! »
7.10 On
pendit alors Aman au poteau qu’il avait préparé pour Mardochée, et la
fureur du roi s’apaisa.
▲8.1 Ce jour-là, le roi Assuérus
donna à la reine Esther tous les biens d’Aman, l’ennemi des Juifs. Et
Mardochée se présenta devant le roi, car Esther avait révélé que
Mardochée et elle étaient de la même famille.
8.2 Alors
le roi enleva sa bague à cacheter, qu’il avait reprise à Aman, et il la
donna à Mardochée. Et Esther confia les biens d’Aman à Mardochée.
8.3 De
plus, Esther parla de nouveau au roi. Elle tomba à ses pieds, pleura,
et le supplia de réparer le mal commis par Aman l’Agaguite et
d’empêcher son complot contre les Juifs.
8.4 Alors
le roi tendit à Esther le sceptre d’or, et Esther se leva et se tint
devant le roi.
8.5 Puis
elle dit : « Si cela paraît bon au roi et si j’ai sa faveur, si cela
convient au roi et si j’ai son estime, qu’on écrive un ordre qui annule
les documents qu’Aman fils de Hamedata l’Agaguite, ce comploteur, a
écrits pour exterminer les Juifs dans toutes les provinces du roi.
8.6 Comment
pourrais-je supporter de voir le malheur s’abattre sur mon peuple ? Et
comment pourrais-je supporter de voir ma famille se faire exterminer ? »
8.7 Alors
le roi Assuérus dit à la reine Esther et à Mardochée le Juif : «
Écoutez ! J’ai donné les biens d’Aman à Esther, et lui, je l’ai fait
pendre à un poteau parce qu’il avait comploté d’attaquer les Juifs.
8.8 Mais un
décret qui est écrit au nom du roi et scellé avec la bague du roi ne
peut pas être annulé. Je vous autorise donc à écrire en faveur des
Juifs tout ce que vous jugez bon, au nom du roi, et à sceller le décret
avec la bague du roi. »
8.9 Les
secrétaires du roi furent immédiatement convoqués. C’était le 23e jour
du 3e mois, c’est-à-dire le mois de sivân. Ils mirent par écrit toutes
les instructions que Mardochée adressait aux Juifs, ainsi qu’aux
satrapes, aux gouverneurs et aux princes des 127 provinces qui
s’étendaient de l’Inde à l’Éthiopie. Le décret fut rédigé dans
l’écriture de chaque province et dans la langue de chaque peuple, ainsi
que dans l’écriture et dans la langue des Juifs.
8.10
Mardochée écrivit le décret au nom du roi Assuérus et il le scella avec
la bague du roi. Puis il envoya les documents par l’intermédiaire de
coursiers à cheval ; ils montaient des chevaux de poste rapides, élevés
dans les écuries royales.
8.11 Dans
ces documents, le roi autorisait les Juifs de toutes les villes à se
regrouper et à se défendre, à tuer, détruire, oui, exterminer tous les
gens armés qui les attaqueraient, quel que soit leur peuple ou leur
province, même les femmes et les enfants, et à s’emparer de leurs biens.
8.12 Cette
autorisation était valable dans toutes les provinces du roi Assuérus le
même jour : le 13e jour du 12e mois, c’est-à-dire le mois d’adar.
8.13 Un
exemplaire de ce document devait être publié dans toutes les provinces
pour servir de loi. Son contenu devait être proclamé à tous les
peuples, afin que ce jour-là les Juifs soient prêts à se venger de
leurs ennemis.
8.14 Les
coursiers montés sur les chevaux de la poste royale partirent aussitôt
et en toute hâte pour obéir à l’ordre du roi. La loi fut également
publiée dans Suse la citadelle.
8.15
Mardochée se retira de devant le roi, habillé d’un costume royal bleu
et blanc, et d’un manteau de tissu de qualité en laine pourpre. Il
portait aussi une grande couronne en or. Et les habitants de Suse
poussaient des cris de joie.
8.16 Pour
les Juifs, ce fut un soulagement et un sujet de joie, d’allégresse et
d’honneur.
8.17 Dans
toutes les provinces et dans toutes les villes, partout où parvenaient
le décret du roi et sa loi, les Juifs se réjouissaient, oui, leur joie
était immense. Ils organisaient des banquets et des fêtes. Par peur des
Juifs, beaucoup de gens qui appartenaient à d’autres peuples disaient
qu’ils étaient Juifs.
▲9.1 Le 13e jour du 12e mois,
c’est-à-dire le mois d’adar, le jour où la déclaration et la loi du roi
devaient être appliquées, le jour où les ennemis des Juifs espéraient
l’emporter sur eux, c’est le contraire qui arriva : les Juifs
l’emportèrent sur ceux qui les haïssaient.
9.2 Dans
toutes les provinces du roi Assuérus, les Juifs se regroupèrent dans
leurs villes pour combattre ceux qui voulaient leur faire du mal.
Personne ne put leur résister, car tous les peuples étaient saisis de
peur devant les Juifs.
9.3 Et tous
les princes des provinces, les satrapes, les gouverneurs et ceux qui
géraient les affaires du roi soutenaient les Juifs, car ils avaient
peur de Mardochée.
9.4 En
effet, Mardochée était devenu un homme important dans le palais du roi.
Il devenait célèbre dans toutes les provinces, car il était de plus en
plus puissant.
9.5 Les
Juifs tuèrent tous leurs ennemis par l’épée. Ils les tuèrent, oui, les
anéantirent. Ils firent ce qu’ils voulaient à ceux qui les haïssaient.
9.6 À Suse
la citadelle, les Juifs mirent à mort 500 hommes.
9.7 Ils
tuèrent aussi Parshândata, Dalfôn, Aspata,
9.8 Porata,
Adalia, Aridata,
9.9
Parmashta, Arissaï, Aridaï et Vaïzata,
9.10 les
dix fils d’Aman fils de Hamedata, l’ennemi des Juifs. Mais après les
avoir tués, ils ne prirent aucun de leurs biens.
9.11 Ce
jour-là, on informa le roi du nombre de personnes qui avaient été tuées
à Suse la citadelle.
9.12 Le roi
dit à la reine Esther : « À Suse la citadelle, les Juifs ont mis à mort
500 hommes ainsi que les dix fils d’Aman. Alors, qui sait ce qu’ils ont
fait dans le reste des provinces du roi ! À présent, as-tu encore une
requête à me faire ? Je te l’accorderai. Ou as-tu autre chose à me
demander ? Je te le donnerai. »
9.13 Esther
lui répondit : « Si cela paraît bon au roi, que le décret qui
s’applique aujourd’hui continue de s’appliquer demain encore pour les
Juifs qui sont à Suse. Et que les dix fils d’Aman soient pendus au
poteau. »
9.14 Le roi
donna donc des ordres : un décret fut publié à Suse, et les dix fils
d’Aman furent pendus.
9.15 Les
Juifs qui étaient à Suse se regroupèrent de nouveau le 14e jour du mois
d’adar. Ce jour-là, ils mirent à mort 300 hommes à Suse. Mais ils ne
prirent aucun de leurs biens.
9.16 Les
autres Juifs, ceux qui vivaient dans les provinces du roi, se
rassemblèrent eux aussi et se défendirent. Ils se débarrassèrent de
leurs ennemis : ils tuèrent 75 000 personnes parmi les gens qui les
haïssaient. Mais ils ne prirent aucun de leurs biens.
9.17
C’était le 13e jour du mois d’adar. Le 14e jour, ils furent débarrassés
de leurs ennemis. Ce jour-là, ils décidèrent d’organiser des banquets
et des réjouissances.
9.18 Les
Juifs qui vivaient à Suse, quant à eux, se rassemblèrent le 13e jour du
mois, mais aussi le 14e jour. Et c’est le 15e jour qu’ils furent
débarrassés de leurs ennemis. Ce jour-là, ils décidèrent d’organiser
des banquets et des réjouissances.
9.19 Mais
les Juifs qui vivaient dans les villes des districts éloignés avaient
décidé d’organiser des banquets et des réjouissances le 14e jour du
mois d’adar. Ce fut un jour de fête, un moment où les gens s’offraient
de la nourriture les uns aux autres.
9.20
Mardochée écrivit le récit de ces évènements et envoya des lettres
officielles à tous les Juifs de toutes les provinces du roi Assuérus,
des plus proches aux plus lointaines.
9.21 Il
imposa aux Juifs de célébrer chaque année une fête le 14e ainsi que le
15e jour du mois d’adar,
9.22 car ce
sont ces jours-là que les Juifs furent débarrassés de leurs ennemis, et
c’est ce mois-là que leur chagrin céda la place à la réjouissance, et
leur tristesse à la fête. Ces jours-là, ils devaient organiser des
banquets et des réjouissances, s’offrir de la nourriture les uns aux
autres et faire des dons aux pauvres.
9.23 Les
Juifs décidèrent d’un commun accord que la fête qu’ils avaient célébrée
deviendrait une coutume et qu’ils suivraient les instructions que
Mardochée leur avait envoyées.
9.24 Car
Aman fils de Hamedata l’Agaguite, l’ennemi de tous les Juifs, avait
comploté d’anéantir les Juifs, et il avait jeté le pour, c’est-à-dire
le sort, afin de semer la panique parmi eux et de les anéantir.
9.25 Mais
quand Esther se présenta devant le roi, il fit écrire un décret qui
disait : « Que son projet ignoble contre les Juifs se retourne contre
lui ! » Aman et ses fils furent donc pendus au poteau.
9.26 C’est
pour cette raison qu’on appela ces jours Pourim, nom qui vient du mot
pour. Ainsi, conformément aux instructions de cette lettre, et à cause
de ce qu’ils avaient vu et de ce qui leur était arrivé,
9.27 les
Juifs s’imposèrent l’obligation, à eux, à leurs descendants et à tous
ceux qui se joindraient à eux, de célébrer sans faute ces deux jours et
de respecter ce qui était écrit au sujet de ces jours, chaque année,
aux dates fixées.
9.28 Ces
jours devaient être commémorés et observés de génération en génération,
par chaque famille, chaque province et chaque ville. Jamais les Juifs
ne devaient abandonner la célébration de ces jours de Pourim, et jamais
leurs descendants ne devaient cesser de les commémorer.
9.29 Alors
la reine Esther fille d’Abihaïl et Mardochée le Juif écrivirent une
deuxième lettre pour confirmer avec toute leur autorité ces
instructions concernant la fête de Pourim.
9.30 Les
lettres officielles furent envoyées à tous les Juifs qui vivaient dans
les 127 provinces, le royaume d’Assuérus. Elles contenaient des paroles
de paix et de vérité,
9.31 et
confirmaient qu’ils devaient observer les jours de Pourim aux dates
fixées, comme Mardochée le Juif et la reine Esther le leur avaient
demandé, et comme ils se l’étaient imposé à eux-mêmes et à leurs
descendants, y compris le jeûne et les supplications.
9.32
L’ordre d’Esther confirma ces instructions relatives à Pourim. Il fut
écrit dans un livre.
▲10.1 Le roi Assuérus imposa le
travail forcé aux habitants du pays et des îles de la mer.
10.2 Toutes
ses réalisations puissantes et glorieuses, ainsi que les détails de la
grandeur de Mardochée, l’homme à qui le roi accorda un rang élevé, tout
cela est raconté dans le livre des Annales des rois de Médie et de
Perse.
10.3
Mardochée le Juif était le second personnage après le roi Assuérus. Il
était grand parmi les Juifs et respecté de tous ses frères. Il défendit
les intérêts de son peuple et travailla à la prospérité de tous les
descendants de ses frères.
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- FIN -
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